• Nous nous faisons, en général, une bien fausse idée du temps. Nous l'accusons de nous ôter nos illusions, d'étouffer nos espérances, d'effacer nos regrets aussi bien que nos joies, d'effeuiller dans nos parterres nos fleurs les plus choyées, d'éteindre dans nos cieux nos plus belles étoiles. Nous nous trompons, le temps n'emporte rien. Nos illusions, c'est nous-mêmes qui dépouillons leurs ailes, pour écrire avec leurs plumes une élégie sur leur perte ; c'est nous qui tuons l'espoir en l'embrassant ; c'est nous qui soufflons sur nos joies, qui tendons nos larmes au soleil pour qu'il sèche nos joues ; c'est nous qui saccageons nos fleurs pour en semer d'autres qui ne viendront pas ; c'est nous qui fermons les yeux pour nier les étoiles.
    Quant à moi, je n'ai rien perdu. Sous la surface glacée de ma source, l'eau vive coule toujours ; l'herbe est verte sous le givre de mon automne. Que me dites-vous que mes beaux jours sont passés ? Ils ne sont pas morts puisque je m'en souviens.
    .
                                                                                          Jules LEFEVRE-DAUMIER
                                                                                                    ( 1789 - 1857 )

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  • Nous allions au verger cueillir des bigarreaux.
    Avec ses beaux bras blancs en marbre de Paros
    Elle montait dans l'arbre et courbait une branche ;
    Les feuilles frissonnaient au vent ; sa gorge blanche,
    O Virgile, ondoyait dans l'ombre et le soleil ;
    Ses petits doigts allaient chercher le fruit vermeil,
    Semblable au feu qu'on voit dans le buisson qui flambe.
    Je montais derrière elle ; elle montrait sa jambe,
    Et disait : "Taisez-vous !" à mes regards ardents ;
    Et chantait. Par moments, entre ses belles dents,
    Pareille, aux chansons près, à Diane farouche,
    Penchée, elle m'offrait la cerise à sa bouche ;
    Et ma bouche riait, et venait s'y poser,
    Et laissait la cerise et prenait le baiser.

                                                                  Victor HUGO
                                                                ( 1802 - 1885 )


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  • Ô jours resplendissants roulés par l'eau de mer,
    et denses en leur coeur comme une pierre jaune,
    ô la splendeur d'un miel respecté du désordre
    qui préserva leur pureté réctangulaire.


    L'heure crépite ainsi que l'essaim ou la flamme,
    et vert est le besoin de plonger dans des feuilles
    avant que tout en haut le feuillage devienne
    un monde scintillant qui s'éteint et murmure.


    Soif du  feu, multitude ardente de l'été
    ô paradis que font seulement quelques feuilles :
    pour la terre au visage obscur, pas de souffrances,


    pour tous l'eau ou le pain, pour tous l'ombre ou la flamme,
    et que plus rien, plus rien ne divise les hommes
    que le soleil, la nuit, la lune, les épis.


                             
                          Pablo NERUDA _ 1904 - 1973
                                ( La Centaine d'amour )


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    J'ai voulu ce matin te rapporter des roses ;
    Mais j'en avais tant pris dans mes ceintures closes
    Que les noeuds trop serrés n'ont pu les contenir.

    Les noeuds ont éclaté. Les roses envolées
    Dans le vent, à la mer s'en sont toutes allées.
    Elles ont suivi l'eau pour ne plus revenir ;

    La vague en a paru rouge et comme enflammée.
    Ce soir, ma robe encore en est tout embaumée...
    Respires-en sur moi l'odorant souvenir.

    Marceline DESBORDES-VALMORE
                   ( 1786 -1859 )


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                       Bonjour à tous,

     

    Je suis Primavera, nouvelle parmi vous, j'arrive des blogs Orange... Je vais essayer de m'adapter, de retrouver d'anciens amies et amis, et qui sait , m'en faire de nouveaux.

    Je souhaite à chacun de vous un agréable dimanche

                                              Prima


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