• de Willem Haenraets

     

    Est-ce mon dernier billet qui m’a fait me souvenir de parties de pêche en rivière ? Je n’étais encore qu’une pré-adolescente, un peu perdue dans une région que je venais de découvrir…. entre Caen et Bayeux, à la saison de la pêche nous partions quelquefois le dimanche matin vers un petit village dont j’ai oublié le nom… Vaux sur …. ?  Nous  pique-niquions au bord de l’eau, mon père pêchait et je lui  ramassais des sauterelles  dans le pré , sauterelles qu’il utilisait pour  tromper les poissons….Pas facile de les attraper ces insectes !...  Ils sont bien, bien loin mes douze ans ...Prima

     

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    de Edward Wilkins Waite

     

     

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    « La pêche doit être bien ennuyeuse », dit une jeune fille qui en savait à peu près autant que la plupart des jeunes filles.

    « Si c’était ennuyeux, je ne le ferais pas », dit l’enfant aux cheveux châtain clair et aux jambes de gazelle.

    Elle se tenait là avec le grand et inébranlable sérieux du pêcheur. Elle enleva le petit poisson de la ligne et le jeta par terre.

    Le petit poisson mourut...

    Le lac s’étendait, scintillant et baigné de lumière. Cela sentait les saules et la chaude pourriture des joncs. De l’hôtel venait un bruit de couteaux, de fourchettes et d’assiettes. Sur la terre le petit poisson exécuta une danse courte et originale comme celles des peuples sauvages... et il mourut.

    L’enfant continua à pêcher avec le grand et inébranlable sérieux du pêcheur.

    Je ne permettrais jamais que ma fille s’adonnât à une occupation si cruelle, dit une dame qui était assise tout près de là.

    L’enfant enleva le petit poisson de la ligne et le jeta de nouveau par terre à côté de la dame.

    Le petit poisson mourut... il sursauta et retomba mort... une mort simple et douce ! Il oublia même de danser, sans façon il partit...

    « Oh !... »  dit la dame. ( ... )

    Et cependant dans le visage de la cruelle enfant aux cheveux châtains clairs, il y avait une profonde beauté et une âme à venir.

    L’enfant continua à pêcher avec le grand et inébranlable sérieux du pêcheur. Elle est superbe avec ses grands yeux fixes, ses cheveux châtains clairs et ses jambes de gazelle.

    Peut-être un jour plaindra-t-elle le petit poisson et dira : Je ne permettrais jamais que ma fille s’adonnât à une occupation si cruelle !...  ( ... )

                                                                                      

                                                                        Peter Altenberg ( 1859 - 1919 )

     

     

                                                                   Traduction de Bret Cultet,

                                                                                                                               La Revue des revues, 1899

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    Quelques notes sur l’auteur :

    Peter Altenberg de son vrai nom Richard Engländer, ( 1859 – 1919 ) est né et mort à Vienne. Son œuvre se compose exclusivement de textes brefs, des « esquisses », réunis en recueils.

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     Merci  à Florentin qui a vu mon erreur, on ne peut mourir avant de naître, aussi j'ai corrigé !

     

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  • J'aurai rêvé ma vie x

     

    Existe-t-il  un endroit plus idéal que le bord de l’eau pour s’abandonner à la rêverie ? _  Je le pense, mais près d’une rivière, où l’eau y ondule doucement …. Au bord de la mer  le bruit des vagues accompagné parfois du cri des mouettes, est un spectacle toujours renouvelé, stimulant, vivifiant qui pour moi ne m’incite pas à la rêverie …Prima

    J'aurai rêvé ma vie....

     

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    J'aurai rêvé ma vie xxx

     

     

    J'aurai rêvé ma vie à l'instar des rivières

    Vivant en même temps la source et l'océan

    Sans pouvoir me fixer même un mince moment

    Entre le mont, la plaine et les plages dernières.

     

    Suis-je ici, suis-je là? Mes rives coutumières

    Changent de part et d'autre et me laissent errant.

    Suis-je l'eau qui s'en va, le nageur descendant

    Plein de trouble pour tout ce qu'il laissa derrière?

     

    Ou serais-je plutôt sans même le savoir

    Celui qui dans la nuit n'a plus que la ressource

    De chercher l'océan du côté de la source

    Puisqu'est derrière lui le meilleur de l'espoir?

     

     

                                                         Jules Supervielle  ( 1884 – 1960 )

                                                         (  Oublieuse mémoire

     

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      Quelques notes sur l’auteur  

     D’un père béarnais et d’une mère originaire du pays Basque, Jules Supervielle est né à Montevideo en 1884, il fit ses études au lycée Janson-de-Sailly à Paris tout en effectuant de nombreux voyages en Uruguay. Le 2 août 1939 il s’embarquera à l’île de Groix à destination de Montevideo où il restera jusqu’en 1946 y défendant les couleurs de la France.

    Il obtiendra en 1955, le grand Prix de littérature de l’Académie française.

    Mort à Paris en 1960, il sera inhumé au cimetière d’Oloron-Sainte-Marie. Sur sa tombe est écrit : « Ce doit être ici le relais où l'âme change de chevaux... »

     

     


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  • PABLO NERUDA

     

    Je n’ai pas l’intention de vous retracer ici la carrière politique de ce grand poète chilien que fut  Pablo Neruda  ( 1904 – 1973 ) lequel sous la présidence de Gabriel Gonzales Videla publiera, le 27 novembre 1947, une fulminante Lettre intime pour être lue par des millions d’hommes. Accusé de trahison à la patrie, pour sa défense, le 5 janvier 1948, il prononcera son discours J’accuse devant le sénat…. le 5 février 1948, les tribunaux ayant ordonné sa détention Pablo Neruda vivra caché, changeant souvent de domicile, pendant un peu plus d’un an, avant de quitter le Chili et d’y revenir en 1952.

     Ce sera donc durant sa clandestinité qu’il écrivit son  chef-d’œuvre, l’œuvre maîtresse  de la poésie latino-américaine de notre temps : Canto General  ( Chant Général ), une vaste fresque épique en  15 chants, 231 poèmes et plus de 15.000 vers.

     La première édition fut publiée au Mexique en 1950. Dès sa publication ce livre fut commenté dans tous les pays de langues espagnoles et amplement traduit.

    Prima

     

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    C’était l’automne du raisin.

    La treille en grand nombre tremblait.

    Les grappes blanches et voilées

    givraient la douceur de leurs doigts

    et les raisins noirs emplissaient

    leurs petites mamelles rondes

    d’un fleuve secret, circulaire.

    Le maître, un artisan, un homme

    aux longs traits maigre, me lisait

    le pâle livre que la terre

    consacre aux jours crépusculaires.

    Sa bonté connaissait le fruit,

    la branche-mère et le travail

    laissant à l’arbre qu’il élague

    sa forme nue, galbe de coupe.

    Il parlait avec les chevaux

    comme avec d’immenses enfants :

    dans ses pas marchaient les cinq chats

    et les chiens de sa maisonnée,

    les uns lents et l’échine ronde,

    les autres courant follement

    sous la froidure des pêchers.

    Il connaissait chaque rameau

    des arbres, chaque cicatrice,

    et sa voix sage m’instruisait

    tout en caressant les chevaux.

     

                           Pablo Neruda  ( 1904 - 1973 )

                                     Le fugitif 1948

                                     Chant général 

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  • citation

     

     

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    En 1868, des poètes amoureux de l’art, appartenant à la mouvance parnassienne décident de se retrouver tous les mois autour d’un repas afin de maintenir la cohésion du groupe, mais ce n’est qu’en 1872 que  Henri Fantin-Latour ( 1836 – 1904 ) fit poser ces poètes pour ce tableau " Un coin de table "  conservé au musée d’Orsay.

     

    de Henri Fantin-Latour

     

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    Tes dix-huit ans réfractaires à l'amitié, à la malveillance, à la sottise des poètes de Paris ainsi qu'au ronronnement d'abeille stérile de ta famille ardennaise un peu folle, tu as bien fait de les éparpiller aux vents du large, de les jeter sous le couteau de leur précoce guillotine. Tu as eu raison d'abandonner le boulevard des paresseux, les estaminets des pisse-lyres, pour l'enfer des bêtes, pour le commerce des rusés et le bonjour des simples.

     Cet élan absurde du corps et de l'âme, ce boulet de canon qui atteint sa cible en la faisant éclater, oui, c'est bien là la vie d'un homme! On ne peut pas, au sortir de l'enfance, indéfiniment étrangler son prochain. Si les volcans changent peu de place, leur lave parcourt le grand vide du monde et lui apporte des vertus qui chantent dans ses plaies.

     Tu as bien fait de partir, Arthur Rimbaud! Nous sommes quelques-uns à croire sans preuve le bonheur possible avec toi.  

             

                                                               René Char ( 1907 – 1988 )

                                                               Recueil : Fureur et mystère

     

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    Quelques notes sur l’auteur :

     

    Né à l’Isle-sur-Sorgue en 1907, René Char adhère à 22 ans au mouvement surréaliste qu’il quittera en 1934 après avoir signé un recueil en commun avec Eluard et Breton. Son œuvre sera désormais celle d’un solitaire et d’un homme d’action, en 1937 il dédiera son  Placard pour un chemin des écoliers aux enfants massacrés d’Espagne.

     

    Résistant, sous le nom de guerre capitaine Alexandre, il s’opposa à la publication de ses œuvres pendant la guerre, il se consacra pourtant sans cesse à la poésie qu’il définit comme «  la parole du plus haut silence « 

     

    René Char décédé à Paris en 1988, fut le poète de la révolte et de la liberté.

     

     

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  • DSC09487 BIS

    OUI, je sais que ça peut surprendre...mais nous sommes bien en Bretagne...!

     

    Nous avions fait une belle promenade , visité une pépinière sous un ciel bleu, quand sur le chemin du retour, aux alentours de 16 heures, nous fûmes surprises par une grosse pluie d’orage sous un ciel devenu noir, bien noir…. Mais grande fut la récompense quand le ciel redevenu clément nous offrit un magnifique arc-en-ciel.   Prima

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      Ce n'était pas une tempête.... mais une bonne averse qui précéda cet arc-en-ciel !!!

     

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    L'orage s'amoncèle et pèse sur la dune

    Dont le flanc sablonneux se dresse comme un mur.

    Par instants, le soleil y darde un faisceau dur

    De rayons plus blafards qu'un blême éclat de lune.

     

    Les éclairs redoublés tonnent dans l'ombre brune.

    Le pêcheur lutte et cherche en vain un abri sûr.

    Bondissant en fureur par l'océan obscur,

    L'âpre rafale hurle et harcèle la hune.

     

    Les femmes, sur le port, dans le tourbillon noir,

    Gémissent, implorant une lueur d'espoir...

    Et la tempête tord le haillon qui les couvre.

     

    Tout s'effondre, chaos, gouffre torrentiel !

    Sur le croulant déluge, alors, voici que s'ouvre

    En sa courbe irisée un splendide arc-en-ciel

     

                            Jules Breton (  1827 - 1906  )

     

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    Quelques notes sur l’auteur :

    Jules Breton-copie-1                                              

     

     


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