• Merlin, statue de Virginie Ropars

    Merlin des bois, statue de Virginie Ropars ( document Ouest-France )

     

    [ ... ]

     

    De rosée, au matin, la campagne est trempée ;
    Une églantine d’or brille à chaque buisson ;
    La forêt, de silence, est toute enveloppée.


    Merlin, pour marcher mieux, entonne une chanson,
    Et voici qu’il arrive auprès d’une fontaine
    Que borde joliment un ruban de cresson.


    O devin sans rival, ô grave capitaine,
    Que vois-tu se mirer dans le flot indolent ?
    Est-ce le faon timide ou la biche hautaine ?


    Non ; mais ses cheveux d’or noués à son bras blanc,
    Une enfant de quinze ans à peine, qui repose
    Et, sous un dais de fleurs, sommeille ou fait semblant.

     

    Merlin, riant, s’approche et lui jette une rose.
    Lentement la dormeuse entr’ouvre ses doux yeux,
    Et l’eau n’est pas si fraîche et le ciel est moins rose.

     

    Le sage pour le coup en devient tout soyeux.
    Depuis cent ans passés qu’il rôde par le monde,
    A-t-il jamais rien vu qui soit plus merveilleux ?

     

    – « Enfant délicieuse, es-tu la Rosemonde
    Qu’emporte en plein azur l’aile du colibri,
    Ou la fille aux yeux bleus du roi de Trébizonde ? »

     

    La belle, à ce discours, a gentiment souri.
    Une clarté descend des bois à la ravine ;
    Il semble que l’aurore ait de nouveau fleuri.


    – « Surement vous rêvez, messire.. » – « Ah ! je devine :
    Une fée. On s’en doute à voir ce pied mignon. »
    – « Nenni, fait l’innocente, et sa bouche est divine.


    « Je ne suis qu’une enfant. Viviane est mon nom.
    Mon père est d’ici près, qu’on dit bon gentilhomme.
    Il a trente écuyers qui portent son pennon.


    « Et vous, beau page ? – « Moi, dit Merlin, je me nomme
    Merlot de la Huchette et je suis écolier.
    Mon maître est plus puissant que l’empereur de Rome.


    « Il a, pour le servir, un lutin familier.
    Qu’une femme lui plaise, il la transforme en cygne.
    Un jour il a changé le Diable en cordelier. »


    – « En vérité ! » – « Mais oui. Moi-même, quoique indigne,
    J’ai dans mon sac plus d’un joli tour, grâce à Dieu !
    Pour appeler le vent il me suffit d’un signe.


    « J’évoque le soleil à minuit. Pauvre jeu !
    Chacun sait que l’Aurore est une aventurière.
    – « M’est avis, Monseigneur, que vous mentez un peu. »

     

                                                                                                          [  ... ]


                                         Gabriel Vicaire ( 1848 - 1900 )
                                               ( L'Heure eenchantée )

     

     

    L'envoûtement de Merlin - 1874 de Edward Burne-Jones

     

    L'envoûtement de Merlin - 1874 -  Edward Burne-Jones


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  • la fontaine de Barenton

     

     

     C'est là, nous dit la légende que Merlin et Viviane se seraient rencontrés pour la première fois.

    Cette fontaine, qui a la propriété d'être à la fois froide et bouillante, marque la frontière d'un monde surnaturel. _ Du fond du bassin montent des grappes de grosses bulles qui viennent éclater à la surface et donnent, quand elles sont abondantes, l'impression que la fontaine entre en ébullition.

     

     

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    C'est autour de cette fontaine qu'Yvain, le chevalier au lion, neveu du roi Arthur, y affronta le chevalier noir, gardien de la fontaine, selon le rite qui consiste à répandre de l'eau sur la pierre pour déclencher la pluie...  il déversa sur la margelle une coupe de son eau, provoquant une tempête suivie par une paix paradisiaque..
    , Yvain terrassa le chevalier noir, puis épousa sa veuve, Laudine, Dame de la Fontaine....mais par insouciance, il perdit l'amour de Laudine, et pour la reconquérir Yvain connaîtra nombre d'aventures toutes situées en Brocéliande....

     

     

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    ...et le bloc de pierres qui flanque la fontaine, le " perron " de Merlin, continue à être arrosé par les visiteurs, dans l'espoir de ressusciter l'antique prodige de l'orage.

     

     

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    Arbre sur le chemin de la fontaine


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    Le hêtre de Ponthus

    Autrefois, là où s'élève le hêtre de Ponthus ( à droite ) aurait existé un château....

     

    Le hêtre de Pontus, se dresse, dit-on, sur l'emplacement du château disparu de ce grand chevalier de Brocéliande. Ponthus était prince, fils du roi de Galice, en Espagne. Au cours d'une terrible tempête, il fit naufrage sur la côte vannetaise. Recueilli à Vannes, il tombe follement amoureux de Sidoine, fille de Gaël, seigneur de Brocéliande. Mais pour obtenir la main de sa bien-aimée, il doit accomplir divers exploits à travers la Bretagne.
    Revenu à Vannes, vainqueur de ses aventures, il apprend que des jaloux l'ont desservi auprès de Sidoine qui ne souhaite plus le voir. Alors, Ponthus, en preuve d'amour, décide d'affronter, chaque mardi, un chevalier venu le défier. Ayant prouvé sa valeur après cinquante victoires, il reconquiert le coeur de sa bien-aimée, l'épouse et devient seigneur de Brocéliande.

                                                                                       

                                                                        ( Légendes bretonnes )

     

     

     

     


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    http://lezons.over-blog.fr/

     

    Le cap Fréhel, sa lande, ses falaises incrustées de failles, de grottes impressionnantes....un spectacle dont on ne se lasse jamais. Je n'ai jamais accédé au cap par la mer, mon amie Lezons l'a fait en 2008 et a eu la gentillesse de m'offrir quelques photos des grottes pour agrémenter une des nombreuses légendes de Fréhel... Prima.

     

     

     

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    La Houle de Poulifée est, comme le savent tous ceux qui ont visité le cap Fréhel, une grotte haute à l’entrée comme une cathédrale, et qui s’étend si loin sous la terre qu’on prétend dans le pays que personne n’a pu encore pénétrer jusqu’au fond.

    Autrefois, il y a bien longtemps de cela, deux jeunes gens de Plévenon voulurent essayer de savoir jusqu’où la houle s’étendait ; ils y pénétrèrent avec une chandelle qui, à un certain endroit, s’éteignit brusquement. Ils s’en retournèrent effrayés. Mais quand ils furent sortis, ils se dirent :

    — Que nous sommes sots d’avoir eu peur ! C’est l’air qui a éteint notre lumière ; aujourd’hui la mer monte, mais demain nous reviendrons.

    Le lendemain, ils prirent mieux leurs précautions et allèrent plus loin, et comme ils continuaient à avancer, ils crurent entendre parler.

    — Écoute, dit l’un d’eux à son camarade ; on dirait qu’on appelle des enfants.  [ ... ]

     

     

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    [ ... ]   Les gens de Plévenon pensèrent que sûrement c’étaient des fées ; mais ils n’eurent pas peur de retourner, et quand ils furent à l’endroit où le repas était servi, ils virent les deux dames, et l’une d’elle les interrogeait chacun à son tour, leur demandant s’ils étaient cultivateurs ou marins, garçons ou mariés. Elles leur racontaient des choses utiles, et leur donnaient du pain et de la viande.


    L’un des gens de Plévenon dit qu’il était père de famille, et que souvent il avait bien du mal à gagner du pain pour lui et ses enfants.

    — Quand ta femme sera de nouveau enceinte, dit la dame, reviens ici ; j’aurai à te parler,

    Elle lui donna de l’argent avec lequel il se mit à l’aise. Quand sa femme fut enceinte, l’homme retourna à la houle, où la dame lui demanda à être la marraine de l’enfant.

    Le mari, de retour à la maison, raconta à sa femme ce que les fées lui avaient dit. Mais elle répondit :

    — Ce sont des fées ; je ne veux pas donner mon enfant aux fées.

    Alors les dames de la grotte, irritées de ce refus, leur ôtèrent tous les présents qu’elles avaient faits, et ils redevinrent pauvres comme auparavant.

     

    (Conté par Scolastique Durand, de Plévenon, âgée de soixante-douze ans, 1879.)

     

     

     

     

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